La France a chaud et ne fait (presque) rien. Alors que les vagues de chaleur s’intensifient et se multiplient en France, la question de la climatisation reste étrangement taboue dans notre pays. Comme l’explique la chaîne YouTube « Le Point Genius », la culture française n’a jamais vraiment adopté la climatisation, souvent perçue comme un luxe inutile, voire un fléau écologique.
Pourtant, face à l’augmentation des températures et aux épisodes caniculaires de plus en plus fréquents, ce rejet culturel semble désormais contre-productif, et parfois mortel. De nos maisons aux infrastructures numériques supportant nos hébergements web, en passant par nos espaces de travail, la gestion thermique devient un enjeu de plus en plus critique soulevant plusieurs questions.
La climatisation est-elle vraiment aussi néfaste qu’on le pense ? Quel est son véritable impact écologique ? Et que risque-t-on à ne pas se rafraîchir ? Réponses.

Sommaire
Un décalage français qui coûte des vies
La vidéo du Point Genius rappelle un chiffre frappant : on meurt aujourd’hui plus de la chaleur à Paris qu’à São Paulo.
La raison ? Un rejet idéologique de la climatisation, malgré l’évidence de ses bénéfices sanitaires. La climatisation n’est plus un luxe superflu, face aux canicules, c’est devenu un outil de santé publique, surtout pour les plus fragiles : personnes âgées, enfants, malades ou encore télétravailleurs confinés dans des appartements mal isolés.
Face à cette réalité, la réponse gouvernementale, bien que mobilisée, reste timide et largement axée sur des mesures de court terme : fermetures d’écoles ponctuelles, campagnes de sensibilisation pour boire de l’eau et éviter les efforts physiques. On distribue des bouteilles d’eau et on installe des ventilateurs avec des glaçons, alors que des solutions plus pérennes et efficaces existent déjà.
La climatisation reste abordée comme une exception tolérable uniquement dans les hôpitaux ou les « zones rafraîchies », mais pas comme une solution normale et généralisable pour les logements ou les lieux de travail.
C’est à se demander si les fameux « Gaulois réfractaires » ne seraient pas plutôt du côté du gouvernement…

Des pertes de productivité et de concentration bien réelles
Le Point Genius pointe aussi un autre problème majeur : la chaleur impacte directement les performances cognitives et la productivité. Dans un pays où le télétravail se démocratise, combien de personnes passent désormais leurs journées dans des appartements sous les toits où la température dépasse les 30°C, y compris la nuit ? Ce n’est pas qu’une question de confort, c’est une perte d’efficacité économique réelle et une dégradation des conditions de travail.
Que ce soit à l’école ou au travail, on constate une baisse de productivité significative lorsque la température augmente. Cela se voit très clairement sur le graphique suivant avec les élèves (courbes discontinues) et les employés de bureau (lignes continues).

P. Wargocki, J. A. Porras-Salazar, Sergio Contreras-Espinoza
Published in Building and Environment 1 June 2019
Les entreprises sont certes incitées à adapter les horaires et à fournir de l’eau, comme le rappelle le gouvernement dans ses annonces, mais cela reste une rustine sur une jambe de bois si l’on ne traite pas le cœur du problème : l’environnement thermique des lieux de vie et de travail.
Climatisation : bien choisir son équipement pour limiter l’impact énergétique
La climatisation, souvent diabolisée en France, n’est pourtant pas aussi énergivore qu’on le pense, surtout si elle est bien utilisée et bien choisie. Le Point Genius fait une distinction essentielle entre deux types de climatiseurs :
- Les climatiseurs monobloc (tout-en-un) : Très courants en location ou en solutions d’urgence, ils consomment énormément d’énergie car ils extraient l’air chaud intérieur et le rejettent par une gaine vers l’extérieur. L’appareil aspire alors de l’air chaud extérieur, ce qui réduit fortement son efficacité et le pousse à consommer beaucoup plus d’énergie. C’est énergivore, bruyant et peu performant, mais c’est généralement la seule option possible lorsque vous êtes locataire.
- Les climatiseurs split : Beaucoup plus efficaces, ces appareils séparent l’unité intérieure de l’unité extérieure. L’air intérieur est refroidi en circuit fermé, ce qui permet une meilleure efficacité énergétique et une consommation bien plus faible. Leur coût d’installation est plus élevé, mais leur efficacité est bien supérieure, tant pour le rafraîchissement que pour le chauffage en hiver dans le cas des modèles réversibles. Cela n’est cependant possible que si vous êtes propriétaire ou obtenez l’accord de celui-ci.
Le message clé : une climatisation bien choisie, bien réglée (autour de 26-28°C, pas à 20°C comme dans les centres commerciaux américains), et alimentée par de l’électricité bas carbone (comme c’est le cas en France grâce au nucléaire), a un impact environnemental mesuré, surtout par rapport aux gains sanitaires et économiques qu’elle procure.
Les gaz réfrigérants : un vrai enjeu, mais à relativiser
Un des arguments fréquemment avancés contre la climatisation concerne les gaz réfrigérants utilisés dans les systèmes de refroidissement. Il est vrai que ces gaz, notamment les HFC (hydrofluorocarbures), ont un potentiel de réchauffement global (PRG) très élevé, souvent plusieurs milliers de fois supérieur à celui du CO₂. Leur rejet accidentel ou leur mauvaise gestion en fin de vie peut donc contribuer significativement au changement climatique. Toutefois, il est essentiel de replacer cet impact dans son contexte : selon l’International Institute of Refrigeration, environ 20 % des émissions liées à la climatisation proviennent de ces fuites de gaz, tandis que 80 % des émissions sont dues à la consommation d’électricité. En France, où l’électricité est largement décarbonée, cet impact énergétique est beaucoup plus faible que dans les pays alimentés par des centrales à charbon ou à gaz.
Par ailleurs, les technologies évoluent également : les fabricants tendent à remplacer progressivement les gaz les plus polluants par des fluides à faible PRG, voire par des alternatives naturelles comme le propane ou le CO₂ (dans certains systèmes industriels). Ce risque, bien réel, n’est pas une fatalité : il peut être drastiquement réduit par une maintenance sérieuse des appareils, des normes de fabrication plus strictes et un recyclage efficace en fin de vie. C’est une question de bonne pratique industrielle, pas une raison suffisante pour rejeter en bloc la climatisation, surtout dans les régions où elle devient une nécessité sanitaire.
La nécessité d’un changement culturel et politique
La France semble encore engluée dans un vieux réflexe dogmatique qui oppose écologie et technologie. Pourtant, dans les faits, refuser la climatisation aujourd’hui revient à ignorer les solutions existantes qui peuvent sauver des vies. L’objectif n’est pas de climatiser à outrance mais de trouver un équilibre : utiliser la climatisation raisonnablement et améliorer l’isolation des bâtiments sans opposer systématiquement les deux stratégies.

Le gouvernement commence timidement à intégrer ces enjeux dans son « Plan National d’Adaptation au Changement Climatique », mais on reste encore loin d’une réponse ambitieuse. La rénovation thermique des bâtiments est évoquée, mais les moyens restent insuffisants pour faire face à l’urgence, et surtout, il manque une politique claire sur la climatisation, en dehors des hôpitaux et des « zones rafraîchies ».
Conclusion : sortir du dogme, adopter la raison
En tant qu’hébergeur web engagé dans l’écologie, LRob est sensible aux questions climatiques et à la sobriété. En datacenter, la situation est bien différente, car dans certaines zones, chaque watt consommé doit être refroidi en plus. C’est pourquoi nous avons choisi une géolocalisation permettant un refroidissement par air naturel 98% de l’année. Mais le climat évoluant, ce nombre pourrait diminuer dans les années à venir.
Néanmoins pour le home-office (télétravail), après des années à braver la chaleur, le climatiseur nous apparaît désormais indispensable à la bonne continuation des services. Aidés par la chaleur insupportable, nous avons ainsi bravé le dogmatisme franco-français pour nous équiper en climatiseur. Ainsi, le support client restera au frais, conservant lucidité et efficacité pour continuer de vous fournir les meilleurs hébergements web.
Que l’on soit citoyen, entreprise ou décideur public, il est temps d’accepter que la climatisation fasse partie de la solution (productive voire vitale), à condition de l’utiliser avec bon sens et responsabilité. La climatisation n’est pas l’ennemi. Son mauvais usage l’est. Comme l’explique très bien Le Point Genius, il ne s’agit pas de climatiser tout à 14°C comme à New York, mais de créer des environnements vivables et adaptés aux nouvelles réalités climatiques.
Il est temps que la France sorte de cette culture anti-clim qui la marginalise par rapport à ses voisins européens et l’empêche de répondre efficacement à un problème de santé publique grandissant. Mieux informer, mieux équiper et mieux réguler, c’est aujourd’hui la voie la apparaissant comme la plus raisonnable.
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